Voici donc les trois membres du "gang des 4 tours" (oui, nous étions de piètres matheux) qui après avoir égaré leur colle à rustine, décidèrent de laisser tomber leur biclou pour partir à la découverte d'une toute nouvelle forme d'exploration: la marche à pied. Après avoir fait leurs armes dans le secteur du Morvan et forts de cette expérience ("plus question d'oublier la préparation H") leurs aventures randonesques les menèrent en région Rhône-Alpes, et plus précisément dans les 4 massifs qui entourent la ville de Grenoble: Vercors, Chartreuse, Belledonne et Ecrins.


Juin 97: A la conquète des grands espaces. C'est dans cet esprit que démarre la première randonnée alpine du groupe. Une traversée du plateau du Vercors, du sud vers Nord, au départ de St Michel des Portes.
Un chemin splendide, mais bel et bien pentu! (et oui fini les grimpettes dominicales) C'est de la montagne.. calcaire! Car chaque pas en avant se solde par une petite glissade arrière (la prochaine fois, on sort les raquettes garanti!).
Ce n'est donc pas sans peine que nous parvenons au pas des Bachassons, où nous décidons d'élire domicile pour la nuit qui s'annonce clémente. Le spectacle est admirable: des étendues herbeuses à perte de vue surplombant la vallée de la Gresse.
Le lendemain, nous nous attaquons au point culminant du massif (enfin, 2300m c'est pas le K2, mais ça fait tout de même suinter les mollets) : le Grand Veymont. C'est au sommet de celui-ci que nous rencontrons un gentil groupe de choucas avec qui nous décidons de partager quelques chopines... (d'eau).. Bref, la vue est belle mais la température incite à la reprise du parcours.
Nous redescendons donc vers le plateau pour suivre le GR à travers les sapins et la roche, nous menant ainsi jusqu'à Correçons le lendemain matin. Cette fois-ci, après les coups de soleil et la "non abondance" d'eau qui caractérise les hauts-plateaux: chopine bien méritée!


Ao?t 98:Belledonne. chaîne montagneuse aux sommets enneigés dominant la vallée du Grésivaudant. Ce massif n'est pas un parc mais il regorge de trésors naturels si l'on sait où les chercher. C'est bien là le problème.. le Gang du Dob prend des allures de pied-nickelés lorsqu'il décide de s'attaquer de front au Grand pic de Belledonne par le col de la mine de Fer. Un peu présomptueux les lascars. Faudrait quand même pas pousser mémé dans les orties!
C'est vrai que sur la carte, le trajet est tout tracé, et en distance, ne parait guère plus long que la traversée du Vercors... mais le dénivelé, c'est une tout autre dimension...
Nous songeons, alors, à raccourcir quelque peu notre périple et nous passons donc la nuit près du lac de Crop sur un terrain de bivouac quelque peu improvisé entre les arbres.
Le lendemain, nous reprenons le chemin du col de la mine de fer à travers les blocs de gneiss et de granit. Après un bref passage devant le refuge Jean-Collet, nous longeons le bas des sommets pour profiter du spectacle: une multitude de cascade dévalent le flanc de la montagne et se rejoignent en un torrent qui sombre dans la vallée.
Nous continuons notre chemin sur le sentier qui conduit vers Lancey. A plusieurs reprises, les petites décharges d'adrénaline consécutives à nos dérapages nous rappellent qu'un sentier étroit et humide peu s'avérer vite dangereux si l'on n'est pas concentré. Comme quoi, parfois mettre un pied devant l'autre peu devenir une tâche très monopolisante (surtout pour nos petits cerveaux).
Nous dormons dans un pré non loin du Village; la fatigue a raison de nous. Le lendemain matin, une petite pluie nous appelle au départ, et grâce à une âme charitable (merci à toi qui ne lit pas ceci) qui nous conduit à la station de tram la plus proche, nous parvenons à prendre le train pour la capitale, la tête pleine de couleurs.

Juillet 99:La Chartreuse. Au départ de St Pierre d'Entremont, l'objectif est de rejoindre la gare de Grenoble en passant par l'Aulp du Seuil. Nous entamons donc notre ascension près du cirque de St Même au dessus duquel nous marquons une pause poumons... (et oui l'encrassage est tellement important qu'on est parfois à 2 doigts de la rupture de durite, voire même du coulage de bielle).
Arrivés sur le plateau de l'Aulp du seuil, nous avançons au rythme des gazouillis d'oiseaux tout en contemplant le paysage constitué d'un savoureux mélange d'alpages et de forêts. Total sublimation... limite hippies... on se roulerait presque dans l'herbe. Méfiance tout de même. Quelques indices subtils nous prouvent que nous ne sommes pas seuls: les bouses de vache.
Et oui, il nous faudra bivouaquer en évitant d'avoir le pas incertain lors de la traditionnelle "extinction biologique" du feu.
Le lendemain, la météo clémente annonce une belle journée de marche. Nous nous dirigeons ainsi vers le col (près des Lances de Malissard) d'où nous pouvons apercevoir le mont Granier donnant de beaux thermiques à quelques voiles colorés ;).
Nous suivons le sentier qui monte vers la dent de Crolles. Parfois, la pause "gratouille" s'impose.. que voulez vous, les rats des villes que nous sommes supportent mal le contact avec certaines plantes urticales bien décidées à nous laisser un souvenir.
Nous passons la dent de Crolles par la voie Est, où il nous faut redoubler de vigilance à cet endroit. Impressionnant mais sans difficulté réelle, la marque du GR cède tout de même sa traditionnelle trace bicolore à une belle bande noire. Le passage continue sous des blocs gigantesques suspendus par les parois calcaires que nous longeons. La nature offre parfois des décors surréalistes.
Ainsi, nous descendons vers le col du coq et nous rejoignons notre prochain bivouac non loin du Sappey en Chartreuse. Le lendemain, il ne restera "plus qu'à" franchir le mont Rachais et la longue descente de la bastille pour rejoindre la gare.

Avril 2000: Retour dans le Vercors. Au départ de Clelles, l'objectif est de rallier la ville de Die en passant par Pré Peyret.
Une randonnée à 1600m en avril en mode "chaussures légères", c'est vrai que c'est un peu osé, mais la météo ne prévoyant pas de refroidissement, nous décidons qu'il est presque de notre "devoir" d'y aller.
Dès notre sortie de cette micheline des années antérieures à notre conception, la pluie nous cueille gentiment et nous accompagne durant toute l'ascension. Une fois arrivés au pas de l'aiguille, nous décidons de trouver au plus vite un refuge.
Ce n'est qu'à quelques dizaines de mètres que notre hôtel 4 étoiles nous attend au beau milieu de la brume.
Le lendemain matin, le soleil nous rappelle qu'il est temps de combler le retard pris la veille sur notre parcours. Nous quittons le fameux refuge de Chaumailloux et traversons le plateau par un sentier pas toujours facile à suivre au milieu des névés.
Heureusement, la bonne vieille boussole nous guide sans encombre jusqu'au GR qui remonte vers Pré Peyret. Nous longeons ensuite les crêtes du plateau jusqu'au pas des Econdus où nous décidons de passer sur le flanc ensoleillé. La descente est longue et parsemée de portions glissantes qu'il faut franchir prudemment. Nous finissons par atteindre un pré bien sec pour passer la nuit avant de rejoindre Die le lendemain matin, sous un soleil quasi méditerranéen.

Bien entendu ceux qui n'ont pas dormi ont remarqué quelque chose.. ou plutôt l'absence de quelque chose. Et je vois déjà les plus en train à la critique me pointer du doigt: et les Ecrins alors? Effectivement ils manquent à l'appel.. par manque de place.. ou parce que je dois retrouver les photos :s ... Surtout à cause d'une beauté sauvage rarement égalée, et pour avoir suivi un parcours long et physique cette randonnée mérite une chronique à elle seule. Alors, c'est promis, on reviendra.


Sur ces belles promesses, le livre de contes se referme provisoirement, et invite les esprits nostalgiques à se préparer aux prochaines ballades.